dimanche 24 janvier 2016

Inde : toujours pas d'accord sur les Rafale

La série exceptionnelle de contrats exports d'armement en 2015, conclus pour la plupart dans des
délais incroyablement courts, ne doit pas le faire oublier : il faut en général beaucoup de temps -et d'argent- pour faire aboutir ces affaires.
La France vient de le constater, à nouveau, en Inde. Peut-être survendu, ce déplacement du président, la présence de militaires français à la fête nationale n'y a rien changé. Personne ne veut (peut) brusquer l'Inde : même si le pays aime prendre son temps, c'est un marché énorme et d'autres débouchés existent, en matière de sous-marinade par exemple. Ou de Rafale Marine.
Ce n'est pas la première fois que le président ou le Premier ministre se déplacent sans ramener le moindre gros lot dans l'Airbus (c'était déjà le cas sur la présidence précédente).
Même nos bons clients historiques, comme l'Arabie Saoudite, prennent leur temps. D'un côté, l'état de guerre qu'elle connaît au Yémen, mais aussi le pétrole qui se vend moins cher. Le commerce des armes évolue aussi, ses pratiques aussi, comme le rappelle le Monde du Renseignement dans sa dernière livraison, ou Jean Guisnel, ici. Résultat, des ventes de patrouilleurs qui ont pris beaucoup de retard, et des achats de frégates parties aux Etats-Unis.
Plusieurs mois ont aussi été perdus dans la notification réelle du contrat DONAS, qui doit profiter aux forces libanaises (1). Par chance, EI a incroyablement évité de s'en prendre au pays du Cèdre sans quoi, ces tergiversations auraient eu des conséquences graves pour la sécurité de la sous-région, déjà mise à mal.
C'était le marché européen du siècle, la Pologne a aussi tourné sa veste, changé ses priorité, et peut-être, ses fournisseurs préférés. Airbus Helicopters retient son souffle, avec 70 Caracal en balance, et peut-être la dernière chance de vendre des Tigre. DCNS est aussi en lice pour fournir des Gowind 2500. En Australie, le spécialiste naval concourt contre des Nippons pour fournir des sous-marins océaniques dans un pays complexe où les produits français ont déjà eu des succès (Tigre, NH90, MRTT) mais aussi de cinglants échecs.
Ces marchés sont essentiels pour l'industriel, car le marché français ne suffit pas à soutenir son plan de charge (le marché des FREMM a par exemple été divisé de 50%).
Alors que les ventes d'armes continueront leur croissance en 2016, les industriels français ne savent pas encore quelle part réelle ils obtiendront de cette croissance. A cet égard, toute forme de pronostic est donc totalement hasardeuse.

(1) si on peut comprendre que des industriels ne peuvent pas travailler sans contrat et sans perspective de paiement, autant des esprits malins auraient pu remarquer que la France aurait pu, au moins, poursuivre des livraisons de matériels d'occasion, qui n'auraient pas manqué dans ses hangars poussiéreux (d'autres Milan, des hélicoptères, etc).

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Mes derniers livres : 
Le RAID, 30 ans d'opérations (Ed Pierre de Taillac),
L'armée au féminin, préface de Jean-Yves Le Drian (Ed Pierre de Taillac)
Commandos du Ciel, préface du général André Lanata (Editions JPO).