lundi 19 octobre 2015

Les Russes couinent... contre un avion qui n'est pas français

Depuis le début de cet après-midi, des médias russes évoquent la colère de leur gouvernement : un
avion transportant une délégation de la Douma aurait été interceptée dans l'espace aérien français par un chasseur.
Dans le contexte post-BPC russes, c'est donc un concert russe pour évoquer la mechanceté des Français, alors que Sergueï Narychkine se rendait paisiblement à Genève pour faire son boulot d'élu.
L'avion n'était pas français
Comme les Russes disent qu'ils survolaient à ce moment-là la France (on attend les coordonnées GPS...), leur déduction a été faite qu'il s'agissait bien d'un avion français. Or on l'a bien vu la semaine dernière quand un F-18 helvète s'est crashé chez nous, il n'y a pas que des chasseurs français en France... pour autant qu'il s'agisse bien, en plus et donc, de l'espace aérien français. Un accord transfrontalier permet même un droit de suite à des chasseurs suisses qui poursuivraient un avion hostile jusque chez nous. En tout état de cause, après vérifications qu'on imagine scrupuleuses, il ne s'agit pas d'un chasseur français.
Et même s'il avait été français...
Depuis le 11 septembre 2001, qui a rappelé qu'un avion civil était une arme, le commandement de la défense aérienne et des opérations aériennes (CDAOA) a resserré encore sa vigilance sur les aéronefs survolant notre territoire métropolitain mais aussi ultramarin (1). Or 10 à 15.000 aéronefs survolent chaque jour notre territoire, il faut donc un travail de renseignement puissant pour détecter les suspects, puis les hostiles. Certains avions sont marqués à l'oreille parce qu'ils sont soupçonnés de trafics, certains deviennent aussi suspects parce qu'ils oublient de causer à la radio, ou percutent malencontreusement une balise de détresse. Et cela arrive plus souvent... que ne le disent pas les dépêches russes.
Tous les jours, des chasseurs décollent...
Et même si tout cela peut paraître abstrait, tous les jours des chasseurs français décollent pour s'entraîner et garantir au Premier Ministre, garant de ce domaine, l'intégrité de l'espace aérien français. Régulièrement, les alertes sont bien réelles, même si souvent, les auteurs sont des farfelus du ciel. Parfois, ce sont aussi des aviateurs civils en difficulté : le chasseur assiste. Le système n'est pas pris en défaut, en tout cas : en Guyane, il a même servi sur une alerte réelle, il y a quelques semaines.
Evidemment, un chasseur qui tourne autour d'un avion civil, c'est toujours impressionnant pour les passagers, mais l'armée de l'air française a des procédures robustes dans ce domaine : depuis le 11 septembre, aucun avion civil n'a été abattu en France. L'histoire est par contre plus cruelle pour les procédures russes, avec un Boeing de la KAL en 1983. 

(1) un exercice de défense aérienne, Urubu, s'est d'ailleurs tenu, contre toute attente, dans ce domaine, en Guyane.