mardi 26 novembre 2013

Louvois est mort, et alors (billet)

Il n'aura même pas attendu, comme il l'avait prévu, d'aller à Varces pour annoncer la mort de Louvois et a
donc choisi, à la place, les auditeurs d'Europe 1, à une heure où les militaires sont déjà à leur poste, donc dans l'impossibilité de l'entendre. C'est que le ministre de la défense a dû comprendre que l'opposition allait sans doute finir par jouer son rôle, et même à lui faire des reproches sur ce sujet, à l'assemblée, cet après-midi.
La gestion de Louvois, mis en place par la droite, a eu des conséquences très graves. Sur ce blog, on s'est toujours étonné qu'une gestion aussi calamiteuse -le ministre a adopté lui-même cet adjectif- ne débouche sur aucune sanction, là où d'autres "petits" ont été pilonnés, écrasés, ou pas défendus par le système militaire. Pour une faute qui n'était parfois même pas une faute -le port d'un foulard à tête de mort, et alors ?-
Le mal de Louvois n'est pas un mal isolé. Hier, à la présentation du projet SSA 2020, on a pu entendre parler des déboires d'un autre logiciel, qui en était déjà à sa troisième version.
Ici où là, les dysfonctionnements perdurent, sur des matériels... neufs. Des armes neuves restent sur des râteliers depuis des mois, voire des années, parce que le manuel d'emploi n'en est pas écrit, ou que le parcours de tests n'a pas été effectué comme le préconise le manuel...
L'activité opérationnelle a été une nouvelle fois attaquée par les budgétaires. En 2012, j'avais rappelé comment on avait taillé dans des achats de boules optroniques qui auraient été bien utiles aux missions de renseignement au Sahel, quelques mois plus tard. J'ai aussi expliqué comment la disponibilité des Tigre avait été compromise, alors même qu'on avait besoin de ces appareils, bien mieux protégés que les Gazelle.
En 2013, des unités aériennes de première ligne ont vu leur activité réduite arbitrairement de 20%, mesure qui sera reconduite en 2014. C'est du jamais vu. Surtout quand on parle d'unités chargées de la protection du ciel français.Ce décalage entre l'armée de papier votée chaque année au parlement -cet après-midi on commence l'examen de la LPM...- et l'armée réelle que vivent au quotidien les militaires et civils de la défense devient de plus en plus insupportable pour ceux qu'elle concerne. Tout comme cette logique du changement permanent qui compromet de plus en plus les capacités de défense du pays.