lundi 3 décembre 2012

Suivi psy plus étroit pour les forces spéciales

Désormais, le suivi psy fait partie du paysage militaire, et même les forces spéciales n'y échappent pas, comme l'ont reconnu des spécialistes des trois armées, cet après-midi.
La marine, qui a dû prendre en compte des évènements traumatiques très différents a voulu faire preuve de sa transparence, en détaillant le suivi des commandos marine et leurs familles. Cette communauté a été touchée aussi bien par des deuils ces dernières années en Afghanistan (4 morts). Tout en étant ébranlée par un tir fratricide, en océan indien, en 2009, lors de la reprise du voilier Tanit. Le contre-amiral Marin Gillier, alors Alfusco, avait organisé une réunion entre l'opérateur et la famille du skipper de la Tanit.
Celui qui suivait alors de près cette communauté restreinte est aujourd'hui responsable du suivi psychologique de tous les marins français (1). Il détaille le suivi et les sensibilisations dont font l'objet les commandos de tous grades, au cours de leur carrière. C'est particulièrement le cas avant le départ en Afghanistan, à travers le Medic'hos, puis le stage opérationnel de 1er degré. Les contacts vidéo entre les militaires et leurs familles, via skype, "posent problème" reconnaît-il aussi.
Depuis sept ans (2), les commandos marine bénéficient d'un bilan psychologique post-opérationnel, quand ils ont été en contact avec un évènement traumatique. "Nous voyons alors tous les personnels qu'ils aient été en contact direct ou non avec l'évènement en question pendant une heure".
Pour permettre aux personnels de pouvoir se livrer plus librement, le spécialiste consulte en ville, dans un bureau séparé de la base commando. Les entretiens sont évidemment couverts par le secret professionnel, assure-t-il encore.
L'armée de l'air, comme l'armée de terre, d'ailleurs, confirment de leur côté avoir mis en oeuvre des suivis particuliers pour ces populations commando spécifiques, marquée autant par la discrétion (ce qui rend difficile la remontée de difficultés vers des tiers) que par de fortes cultures d'unité.
L'armée de l'air est parti très récemment, donc tardivement, puisque des unités de commandos (CPA) conventionnelles et spéciale sont engagées depuis très longtemps dans des missions très dures. La représentante de la médecine aéronautique n'a pas souhaité détailler ni les modalités de ce nouveau suivi, ni le volume de patients concernés par le PTSD. L'un de ces commandos, il est vrai, remplit quatre pages de Paris-Match, cette semaine ; à notre connaissance, ce cas est loin d'être isolé.
L'armée de terre reconnaît pour sa part mettre en place un référent d'ici la fin de l'année, pour les forces spéciales, sans plus de précisions.

(1) les services locaux de psychologie appliquée (SLPA) qui constituent le segment tactique du sujet existent depuis les années 30. Celui de Lorient est spécialisé dans le suivi des fusiliers et commandos marine.
(2) en fait, à la demande de l'EMM, depuis janvier 2007, la prise en charge psychologique au retour de mission fait partie intégrante de l'ordre d'opération.