dimanche 18 octobre 2009

Les enjeux d'Orthongel, vus des Seychelles

Deux bateaux de pêche et leurs équipes de protection embarquées (EPE) ont repris la mer, aujourd'hui, au large des Seychelles. Le Drennec et le Glénan ont reçu auparavant la visite d'Hervé Morin qui s'est notamment intéressé aux conditions de vie des marins, civils et militaires, et les façons d'améliorer encore l'efficacité d'Orthongel. Cette opération permet de protéger les thoniers bretons aux Seychelles, moyennant un coût que les armateurs n'ont pas souhaité nous communiquer (1). Mais, en tout état de cause, les navires ne seraient pas assurés, au sens premier du terme, s'ils n'avaient pas d'EPE à bord. Ils devraient donc rester à quai, ce que les banques voient toujours d'un mauvais oeil. La présence des militaires à bord, c'est donc une "assurance" pour les uns, un "moindre mal" pour les autres.
Le ministre de la Défense a également pu rencontrer ce matin Joël Morgan, ministre seychellois de l'environnement, des ressources naturelles, des transports et de l'energie. Les deux responsables ont balayé les dossiers du moment : l'extension d'Orthongel au moins jusqu'en décembre, la signature du SOFA (status of force agreement) avec l'UE et le renforcement de la coopération bilatérale, notamment militaire.
La France contribue déjà à la formation et à l'entraînement de l'armée de la République des Seychelles, et elle devrait aussi aider cette dernière sur le plan judiciaire. Le but étant d'éviter que des pirates soient relâchés dans la nature.
L'UE a déjà prévu d'investir 800.000 euros, et il sera sans doute nécessaire d'agrandir la prison locale, dont la capacité plafonne à 300 places. Ou d'en constuire une autre.
L'enjeu économique est d'importance pour la petite République, qui a vu fondre son trafic maritime thonier de 30% entre février et juin. Or la chaîne du thon compte pour 50% des ressources locales : le reste est fourni par le tourisme qui commence lui aussi à soufrir des sunlights de l'actu.
La pêche fait travailler 2.000 personnes dans une conserverie à Mahé, et jusqu'à 7.000 si l'on compte les emplois indirects.
Mais, notent les armateurs bretons, les flottilles font aussi travailler une conserverie à Mombasa, une à Madagascar, deux à Maurice, où sont aussi entretenus les navires de pêche, dans un chantier naval.
Joel Morgan n'hésite pas à a dire que la piraterie contient bien un "risque de déstabilisation régionale". Et qu'il faut des "renforts", pour venir traiter le mal là où il opère.

(1) et, pour la propre sécurité de leurs personnels, ont choisi de ne pas livrer non plus le moindre détail sur les mesures de protection, au nom d'un accord tenu "avec l'amiral Prazuck" (porte-parole de l'EMA, à Paris).

Nos photos : le Drennec capté en pleine océan Indien hier. Le navire breton a quitté le port de Mahé avec son EPE, constituée de fusiliers marins, dont on voit ici partiellement un représentant "chouffer" l'environnement. Très bas sur l'eau et très rapides, les skiffs restent difficiles à détecter de très loin. (crédit Jean-Marc Tanguy)